1.2 : Quels sont les objets de la macroéconomie ?

2. La croissance à long terme

Au-delà de cet intérêt pour l’évolution à court ou moyen terme de l’activité économique, les macroéconomistes s’intéressent aussi aux évolutions de l’activité économiques sur le long voire le très long terme. Comment expliquer la croissance des économies sur de longues périodes ? Pourquoi semble-t-il y avoir des périodes de décollage des économies ? Pourquoi certains pays restent-ils pauvres alors que d’autres semblent s’enrichir de plus en plus? Va-t-on, à terme, observer une convergence des niveaux de vie ou, au contraire, ces niveaux de vie vont-ils s’éloigner indéfiniment entre pays?

Graphique 2 : La croissance dans le (très) long terme

Source des données : Maddison Project Database 2018

Les enjeux liés aux questions précédentes peuvent être observés dans les graphiques 2 et 3. Comme dans le graphique 1, le graphique 2 illustre l’évolution du PIB par habitant au cours du temps. Toutefois, ce graphique considère maintenant une très longue fenêtre de temps : plus de 500 ans dans le cas de la France et environ 300 ans pour les autres pays représentés ! On peut y observer trois « périodes ». (A) Avant 1850 (date symbolisée par la première verticale rouge dans le graphique), le PIB par habitant semble à la fois extrêmement faible (dans les rares pays où l’on dispose d’estimations de cette grandeur) et rester stable dans le temps : moins de 1500$ par habitant. Ce-sont bien évidemment des estimations mais essayons de comprendre ce qu’elles impliquent. En 1750, l’économie française générait un revenu tel que, s’il était partagé équitablement entre ses habitants, chacun disposerait d’environ 1500$ par an. Or, afin de permettre des comparaisons dans le temps, dans ce graphique, le niveau des prix retenu est celui de 2011. Aussi, bien que cela soit très simplificateur, on peut considérer que le revenu d’un Français en 1750 serait proche de celui d’un individu gagnant 1500$ par an en 2011 ! En pratique, il serait encore plus faible car le PIB ne sert pas qu’à « rémunérer » les individus et par ailleurs, une bonne partie de ce revenu serait capté par quelques individus (la noblesse par exemple).

Revenons au graphique. (B) On observe une seconde phase, entre 1850 et 1950 (la seconde barre verticale rouge) où le PIB par habitant, notamment en France et aux Etats-Unis commence à croitre [1]. Enfin, (C) on observe une dernière phase après 1950 où le PIB par habitant augmente sensiblement en France et aux Etats-Unis et peut-être plus modérément en Afrique du Sud. On peut également remarquer le « décollage » de la Chine à la toute fin de cette période.

Le graphique 3 rappelle quant à lui les importantes inégalités de développement économique qui subsistent aujourd’hui. Dans certaines zones d’Afrique sub-saharienne le PIB par habitant reste inférieur à 1000$ de 2011 quand dans certains pays d’Europe ou d’Amérique du Nord, ils dépassent les 20 000$. Afin de donner plus de sens à ces différences – et comme le rappelait David Romer dans son livre de 2006 – on peut rappeler que le salaire réel moyen est environ 20 fois plus élevé en Allemagne (ou au Japon) qu’au Bangladesh (ou au Kenya). De même, si ce revenu augmentait de 3% par an au Bangladesh, il faudrait attendre une centaine d’années avant qu’il ne rattrape son niveau aux Etats-Unis aujourd’hui.

Graphique 3 : Les différences de richesse entre pays

Source des données : Maddison Project Database 2018



[1] En Angleterre, on observerait un décollage un peu plus précoce, entre 1750 et 1800.