2.4 : A quoi servent les trois approches du PIB ?
3. Le PIB par la demande et les contributions à la croissance
Considérons maintenant l’approche par la demande du PIB. Celle-ci est, elle aussi, extrêmement utile aux économistes, notamment pour étudier les fluctuations de l’activité économiques. Rappelons que cette approche indique que :
\( PIB = DCF + FBC + X-M \)
Un des grands intérêts de cette formule est de pouvoir observer les « contributions » à la croissance. Imaginons que l’on observe le PIB deux années (notées « 1 » et « 2 ») ; on a pour l’année « 1 »:
\( PIB_1 = DCF_1 + FBC_1 + X_1-M_1 \)
Et pour l’année « 2 » :
\( PIB_2 = DCF_2 + FBC_2 + X_2-M_2 \)
On peut maintenant diviser la seconde formule par \( PIB_1\) :
\( \frac{PIB_2}{PIB_1} = \frac{DCF_2}{PIB_1} + \frac{FBC_2}{PIB_1} + \frac{X_2-M_2}{PIB_1} \)
On peut alors remarquer qu’en appelant \(r \) le taux de croissance de notre économie entre les années « 1 » et « 2 », on a :
\( \frac{PIB_2}{PIB_1} = \frac{PIB_1 (1+r)}{PIB_1} = 1+ r \)
Par ailleurs, on peut remarquer que :
\( \frac{DCF_2}{PIB_1} = \frac{DCF_1}{PIB_1} \frac{DCF_2}{DCF_1} = \frac{DCF_1}{PIB_1} (1+r_{DCF}) \)
Où \(r_{DCF} \) est le taux de croissance de la consommation finale. Cette dernière astuce de calcul n’est pas spécifique aux dépenses de consommation et peut être reproduite pour la formation brute de capital et pour le solde du commerce extérieur. En remarquant cela, on obtient :
\( 1+r = \frac{DCF_1}{PIB_1} (1+r_{DCF}) + \frac{FBC_1}{PIB_1} (1+r_{FBC}) + \frac{X_1-M_1}{PIB_1} (1+r_{X-M}) \)
où \(r_{DCF}\),
\(r_{FBC}\) et \(r_{X-M}\), sont les taux de croissances respectifs des
dépenses de consommation, de la formation brute de capital et de la
balance commerciale.
En développant la formule précédente puis en remarquant que \( \frac{DCF_1}{PIB_1} + \frac{FBC_1}{PIB_1} + \frac{X_1-M_1}{PIB_1} = 1 \), on obtient finalement :
\( r = \frac{DCF_1}{PIB_1} r_{DCF} + \frac{FBC_1}{PIB_1} r_{FBC} + \frac{X_1-M_1}{PIB_1} r_{X-M}\)
Une première utilité de la formule précédente est qu’elle permet des premières prévisions de l’activité économique. En effet, cette formule explique que si on dispose d'informations sur le PIB (et la consommation, la FBC, etc.) de l'année dernière et sur les taux des taux de croissance de la consommation, de l’investissement et de la balance commerciale, alors on peut avoir une première prévision du taux de croissance de l’économie (les poids pouvant être obtenus sans prévisions). L’intérêt de cette décomposition est que l’on peut peut-être, à partir d’enquêtes (auprès de chefs d’entreprises pour l’investissement ou auprès des ménages pour la consommation) estimer la croissance de chacune des composantes.
Au-delà de son intérêt pour des prévisions, la formule précédente peut aider à comprendre des phénomènes économiques. Par exemple, lorsqu’il analyse une crise économique et une récession (\( r<0 \)), un économiste peut remarquer que la consommation finale des ménages s’est maintenue (\( r_{DCF} \approx 0 \)) voire a légèrement augmenté (\( r_{DCF} > 0 \)) mais que l’investissement s’est effondré (\( r_{FBC} < 0 \)). Ceci peut alors conduire à des suggestions de politiques publiques (par exemple, un mécanisme pour aider les entreprises à investir). Ces suggestions vont être différentes si – dans une autre situation – l'économiste remarque que c’est la faiblesse de la croissance de la consommation des ménages qui pénalise l’économie ou s’il remarque que la récession provient d’une chute massive des exportations !
De même, un économiste peut étudier le modèle de croissance de deux pays en utilisant cette formule. A croissance égale, il peut par exemple remarquer que la croissance d'un pays va être portée par ses exportations (par exemple un important \( r_{X-M} \)) quand un autre pays va reposer pour une large part sur sa consommation intérieure (et un important \( r_{DCF} \)).
En résumé, cette dernière approche du PIB peut permettre d’observer les éléments qui participent à la croissance d’une économie entre la consommation des ménages, l’investissement et le commerce extérieur. Elle permet aussi d’étudier les différences de modèles de croissance entre des pays différents. Cette approche va donc avoir un intérêt central dans la définition de politiques économiques. Notamment, cette formule joue un rôle central dans la compréhension des politiques de relance « keynésienne ».