1.3. Le capitalisme marchand (2) - Les mercantilismes
Le développement du commerce à longue distance : les Compagnies
Grâce à un certain nombre d’innovations dans la navigation (le gouvernail d’étambot) et dans les techniques de gestion (comptabilité en partie double, généralisation de la lettre de change), grâce aussi aux Grandes Découvertes, le commerce à longue distance se développe considérablement.
Pour assurer ce développement, les puissances atlantiques vont fonder les grandes Compagnies Maritimes. Ce sont des entreprises (au sens moderne du terme), chargées d’affréter des navires de commerce qui transportent les marchandises venues d’Asie et d’Amérique. Au départ, des associations de marchands mettent leurs ressources en commun pour financer ces expéditions. Mais comme les capitaux nécessaires sont considérables, les Compagnies ont besoin d’un financement de l’Etat. Celui-ci participe aussi à la protection des navires de commerce, en échange d’une partie des importants profits générés par l’activité commerciale. Ainsi, les Compagnies combinent le crédit et l’autorité de l’Etat avec les ressources et l’activité des particuliers.
Les Compagnies les plus importantes sont investies de pouvoirs souverains, comme le droit de lever des impôts, de conclure des traités, et d’entretenir leur propre armée. Elles disposent aussi, sur un plan économique, du monopole de l’exploitation et du trafic des ressources coloniales (régime dit « de l’exclusif »). Les Compagnies établissent de grandes routes commerciales, jalonnées de « comptoirs ». Ce sont des villes nouvelles, qui servent à la fois de base militaire et d’entrepôts pour les marchandises coloniales.
Plusieurs compagnies sont rentrées dans l’histoire, comme la East India Company, compagnie anglaise fondée en 1600, ou la Compagnie des Indes Occidentales, fondée par Colbert en 1664. Mais la plus célèbre est la Compagnie Néerlandaise des Indes Orientales, la VOC, fondée en 1602.
La VOC dispose d’une flotte importante : plus de 100 navires, et du monopole du commerce avec l’Asie. Elle transporte des épices, du textile, ou encore des bois précieux. Disposant d’une flotte et d’une petite armée, elle n’hésite pas à se substituer au pouvoir politique. Ainsi lorsque le souverain local de Djakarta, en Indonésie, refuse aux Hollandais la permission de s’installer, elle rase la ville et construit une ville nouvelle à la place, nommée Batavia.