4.3 La crise de la mondialisation
Le trilemme de Rodrik
Le trilemme mis en exergue par l’économiste Dany Rodrik illustre bien les termes des rapports entre actions des gouvernements, aspirations des populations et intensité de la mondialisation. Il rappelle en creux que l’hyper-mondialisation n’est pas historiquement un état permanent. Selon le trilemme politique de l’économie mondiale il est impossible d’avoir simultanément :- une intégration économique poussée, une hyper-mondialisation (libéralisation des échanges commerciaux, intégration financière…
- des états nations souverains (frontières, monnaie, impôts)
- la démocratie politique.
L’intégration économique impose une compétition entre les États qui limite leur capacité à adopter les politiques interventionnistes, protectrices que souhaitent les populations. Le gouvernement peut alors soit choisir d’ignorer la volonté des habitants, et préserver au passage sa liberté de choix ; soit décider d’abandonner sa souveraineté et de transférer les aspirations démocratiques à des instances supranationales.
Avant la Grande Guerre une première mondialisation est à l’œuvre qui elle-même parait difficilement réversible pour les contemporains. Au dix-neuvième siècle le commerce mondial a en effet connu une formidable expansion, son volume est environ multiplié par 20 entre 1815 et 1913. Cet essor a pour origine directe la Révolution Industrielle, qui confère un quasi-monopole pour les exportations manufacturières à quelques pays (l’Angleterre d’abord puis quelques autres pays d’Europe continentale dont la France et l’Allemagne). Une véritable division mondiale du travail s’instaure : les produits industriels des pays avancés sont échangés contre les denrées alimentaires et les matières premières des « pays neufs » et des économes coloniales. L’expansion du trafic commercial est soutenue par des innovations (en manière de conservation des denrées par exemple avec l’installation de systèmes réfrigérants sur les bateaux dans les années 1870) et surtout une baisse de long terme des coûts de transport, qui s’accélère au milieu du XIXè siècle avec la révolution des transports.