5.4. Les "trente glorieuses": Une régulation socio-économique du capitalisme inédite
Un régime nouveau de régulation pour des économies de plus en plus ouvertes
Le mode de régulation macroéconomique et la forme d’insertion dans l’économie mondiale constituent la troisième caractéristique du mode de régulation des trente glorieuses. Il contribue également à l’équilibre entre consommation et production nationales.
L’ouverture internationale était faible. L’État-nation contrôlait les tarifs douaniers, définissait les modalités d’accueil de l’investissement direct étranger et fixait des règles en matière d’investissement de portefeuille L’économie/monde est fractionnée en économies nationales définies par ses monnaies et les composantes du rapport salarial. L’État intervient dans le régime monétaire, notamment en contrôlant les mouvements de capitaux, ce qui lui permet de mener des politiques macro-économiques budgétaires et monétaires autonomes.
Comme le prédit le triangle d’incompatibilité de Mundell et Fleming (1960) montre que la faible mobilité internationale du capital couplée à un régime de taux de change fixes (situation a dans le graphique du cadre 5.3.1) a donné une grande autonomie aux politiques monétaires nationales qui ne sont plus soumises à la contrainte des effets indésirables des variations des taux d’intérêt nationaux sur les mouvements de capitaux. La période des trente glorieuses est donc une période combinant grande stabilité des taux de change, dynamisme du commerce international et de la croissance et efficacité des politiques monétaires nationales.
Le contexte de grande
stabilité financière, monétaire et politique redonne aux états des
marges de manœuvre en matière de politique économique aussi bien budgétaire,
monétaire que de change. Cela leur permet d’investir dans les structures de
l’économie, de mener une politique industrielle volontariste et de soutenir la
régularité de la croissance, d’absorber les chocs grâce au « fine tuning »
monétaire et budgétaire. Les crises financières sont bien moins nombreuses
comparées à la période qui précède (1870-1945) et à celle qui suivra de 1973 à
aujourd’hui.