6.2. La montée d’un capitalisme financiarisé et le retour des crises
Les crises du capitalisme financiarisé
Le contexte
Dans les années 1990, le succès du policy-mix de Clinton-Greenspan (rigueur budgétaire couplée à souplesse monétaire) aux EU permet de rétablir les équilibres financiers sans pénaliser la croissance. Au même moment, les économies européennes en marche vers l’Euro cumulent politique budgétaire et monétaire restrictives ce qui pénalise fortement la croissance et l’emploi pour une décennie. Ce précédent ouvre une longue période d’argent pas cher de la part de la Fed américaine, puis, à partir des crises de la fin des années 2000, de la BCE. En parallèle, les capitaux des banques et investisseurs internationaux sont revenus massivement vers les pays riches à la faveur des crises des économies émergentes de la deuxième moitié des années 1990. Pendant toutes les années 2000, cette configuration historique de capital peu cher et de crédit illimité a conduit à des crises financières dans les économies riches liées à la formation de bulles spéculatives sur les marchés immobiliers (2008) et mobiliers (2001 et 2009). De plus ces crises sont liées car ce sont les taux d’intérêt très bas de la Fed pour sortir de la crise des valeurs internet en 2001-2002 qui ont nourrit la bulle immobilière qui éclatera en 2008 avec la crise des « subprimes ».
Les crises des années 2000 sont des crises de la spéculation et de la dérégulation des marchés financiers.
La crise de 2001 est due à une bulle spéculative sur les valeurs liées à internet. Cette bulle conduit à des surinvestissements dans un secteur nouveau et prometteur jusqu’à ce que les investisseurs constatent les très faibles rendements des activités liées à l’internet et retirent leurs capitaux provoquant une grave crise boursière.
La crise de 2008 est provoquée par un excès de crédit immobilier aux Etats-Unis alimenté par l’argent peu cher. Les banques et acteurs privés du crédit depuis quelques années proposent des prêts hypothécaires aux ménages américains ("subprimes"), même les plus modestes. A partir du moment où un certain nombre de ces ménages modestes ne peuvent plus rembourser leur prêt immobilier, les biens saisis par les prêteurs se retrouvent sur le marché de l’immobilier saturé dont les prix chutent. Les banques sont alors elles-mêmes en difficulté et certaines font faillite. De plus, la panique gagne rapidement les marchés financiers car des produits dérivés, c'est-à-dire des produits financiers vendus comme placement par les banques et qui sont construits en assemblant des risques de différentes nature sont présents dans les actifs de toutes les grandes banques multinationales. Or, comme ces produits dérivés contiennent des risques du marché immobilier américain (subprimes), il est désormais impossible pour les banques de connaitre leur valeur et son évolution à court terme. Elles sont donc contraintes de neutraliser ces composantes de leur actif et cessent de se faire confiance mutuellement, plongeant momentanément les économies riches dans un épisode de resserrement du crédit (credit crunch) qui peut faire autant de dégâts que celui de 1929.