6.4. Forces et fragilités des nouvelles puissances économiques émergentes dans la deuxième mondialisation
Les grands émergents et la mondialisation ont contribué à réduire les inégalités de développement globales
Graphique 6.6.1. Evolution des inégalités globales : 1950-2016
Le graphique 6.6.2 montre l’évolution des inégalités mondiales selon trois définitions. Alors que les inégalités de PIB/tête (Concept 1) ont augmenté comme le montre le graphique 6.6.1, elles baissent lorsque les PIB/tête sont pondérés par les populations, sous l’influence de l’émergence de grandes économies comme la Chine, le Brésil ou l’Inde dont les populations sont de moins en moins pauvres (Concept 2). Lorsque les inégalités internes et externes sont combinées, les inégalités globales augmentent lorsque la Chine puis l’Inde sont prises en compte par la mesure, ces grands émergents étant très inégalitaires. Toutefois, la position des points verts sur le graphique 6.6.2 montre que ces inégalités internes de revenu diminuent avec le temps grâce aux effets positifs de la croissance économique et des politiques de redistribution sur la réduction des inégalités : c’est ce que l’on appelle la relation en U inversé de Kuznets entre niveau de revenu par tête et niveau des inégalités.
Graphique 6.6.2. Evolution des inégalités globales : 1950-2009
La réduction des inégalités globales de développement dissimule donc des capacités individuelles très différenciés à capter les bénéfices de la croissance globalisée en fonction de la position sociale et économique du ménage et du pays où il se situe : c’est ce que montre la courbe de l’éléphant proposée par Branco Milanovic (de la Banque Mondiale) qui montre que les groupes sociaux ayant le plus tiré parti de la croissance entre 1998 et 2008 sont les classes moyennes des pays en développement et les classes supérieures des pays développés. Dit autrement, un ménage pauvre des pays riches a un niveau de revenu bien supérieur à un ménage de la classe moyenne des pays pauvres, mais son revenu aura augmenté beaucoup moins vite entre 1998 et 2008 que celui des ménages des classes moyennes des pays en développement.
Graphique 6.6.3. Courbe de l’éléphant : gains de revenu moyen réel pour les ménages des différentes tranches de la distribution mondiale des revenus : 1988-2008 (Source : Blog d’Olivier Galland, CNRS)
Les raisons de ces situations sont différentes. Pour les premiers, c’est la mondialisation productive, l’insertion des économies émergentes dans les chaînes de valeur globale et les politiques sociales ambitieuses de leurs pays (Chine, Brésil, Inde) qui ont contribué à diminuer le nombre de pauvre et à sécuriser les statuts et les conditions de vie d’une classe moyenne de plus en plus nombreuse. Pour les seconds, ce sont essentiellement les dynamiques très favorables aux revenus financiers contenues dans la croissance des marchés d’action, les stratégies de distribution de dividendes des entreprises, les coûts faibles du crédit, et les réformes fiscales pro-riches qui expliquent les gains élevés des dernières années . Les grands perdant semblent être les classes moyennes des pays développés et les pauvres des pays en développement.