6.2 : La demande pour un bien donné et ses déplacements

Site: ZERUN
Cours: Microéconomie 1
Livre: 6.2 : La demande pour un bien donné et ses déplacements
Imprimé par: Visiteur anonyme
Date: jeudi 21 novembre 2024, 23:28

1. La demande en équilibre partiel

On s'intéresse maintenant à la demande pour un bien particulier, en supposant le revenu comme donné. On isole un bien particulier, et on regarde comment la quantité choisie par le consommateur varie avec le revenu et les prix, sans regarder les autres biens.

Il s'agit d'une analyse dite "en équilibre partiel" car on ne cherche pas à calculer toutes les quantités du panier de consommation d'un agent étant donné la contrainte budgétaire. On regarde simplement sa demande pour un bien particulier, en considérant que l'argent représente la valeur de toutes les autres consommations possibles.


1. Intérêt de l'approche par équilibre partiel

En passant à l'équilibre partiel, on regarde un problème simplifié, moins précis que le problème du consommateur étudié jusque là puisqu'on néglige les effets sur les autres biens. Mais comme ce problème est simplifié, on va pouvoir étudier le marché pour un bien donné beaucoup plus en détail.
On va par exemple étudier les conséquences de chocs, des situations de concurrence imparfaite ou des politiques économiques, en négligeant les effets sur les autres marchés.

 On construit ainsi un modèle plus simple, avec lequel on peut résoudre des problèmes qui seraient ardus dans une analyse en équilibre général.


2. Intuition de l'approche

L'intuition est la suivante :

  • Si vous achetez un fruit de plus, l'argent dépensé devra être déduit de votre budget, donc il y a un (ou plusieurs) autre(s) bien(s) dont vous allez consommer moins. Disons qu'un fruit de plus signifie que vous allez consommer 100g de riz et un verre d'eau de moins, à l'équilibre (étant données vos préférences, votre revenu et les prix sur le marché).
  • Le montant d'argent que vous êtes prêt à payer au maximum pour ce fruit supplémentaire représente la valeur de votre consommation en moins des autres biens, à l'équilibre; C'est-à dire la valeur pour vous de 100g de riz et d'un verre d'eau (étant donnée votre consommation actuelle).
  • On n'a pas besoin de regarder exactement comment vous changerez votre consommation des autres biens si vous achetez un fruit en plus (est-ce que vous allez vraiment consommer 100g de riz en moins ? Ou plutôt 50g de riz en moins et 20 g de lentilles en moins ? On est intéressé par le marché des fruits, de toute façon...). Ce qui compte c'est d'avoir une valeur de l'impact que ce changement de consommation a sur votre bien-être, pour pouvoir le comparer à la valeur de consommer ce fruit en plus.
  • L'argent (dont on dit qu'il joue le rôle de numéraire) permet de mesurer la valeur de cet ajustement de consommation des autres biens.

3. Validité de l'approche

  1. L'approche par l'équilibre partiel est valable pour les biens qui ne représentent pas un trop fort poids dans le budget de l'individu, de sorte que si on en consomme un peu plus ou un peu moins, cela ne perturbe pas tout le panier de consommation de manière importante. Elle n'est par contre pas très adaptée pour des biens comme le logement ou le travail.
  2. L'approche par équilibre partiel n'est pas non plus très adaptée s'il existe des biens qui sont des substituts très proches ou des compléments très proches du bien que l'on veut étudier. Dans ce cas, la variation du prix du bien conduirait à acheter des quantités beaucoup plus importantes ou beaucoup plus faibles des biens substituts ou compléments (pensez à l'étude du marché des jus d'orange. Si les individus substituent facilement du jus d'ananas pour du jus d'orange, il faut inclure aussi le jus d'ananas dans l'analyse et considérer non pas un seul bien, mais deux).

2. Plan et courbe de demande

Deux définitions valables pour la demande individuelle des agents et pour la demande globale (demande de marché) qui en résulte :

Le plan de demande
C’est le tableau qui montre la relation entre le prix d’un bien et la quantité demandée de ce bien.

La courbe de demande
La courbe de demande est la courbe qui représente la relation entre le prix d’un bien et la quantité demandée de ce bien.

Exemple de plan et de courbe de demande :

3. Les déplacements le long de la courbe de demande

On peut distinguer deux sortes de variations dans la quantité demandée :

1. Déplacement le long de la courbe de demande.
2. Déplacement de la courbe de demande.

Cas 1 : Les déplacements le long de la courbe de demande se produisent lorsqu'un changement de prix conduit l'individu à modifier son choix de quantité. Mais la courbe de demande ne change pas, simplement on la suit pour se placer au niveau du nouveau prix.

4. Les déplacements de la courbe de demande

Les déplacements de la courbe de demande correspondent à des changements dans l'environnement qui modifient la disposition d'un individu à acheter le bien, pour chaque niveau de prix possible.

La courbe se déplace vers la droite ou vers la gauche suite à un changement qui affecte la   quantité demandée pour chaque niveau de prix.

Les causes possibles de déplacement sont en général des changements concernant

• le revenu des consommateurs
• le prix des autres biens (si le jus de pomme devient moins cher, ma demande pour le jus d'orage peut changer)
• les préférences
• les anticipations (on anticipe une canicule, ce qui change la demande pour les climatiseurs; on anticipe que le rouge sera à la mode bientôt, ce qui change la demande pour les vêtements rouges, ...)

5. L'effet du revenu sur la demande

Quand le revenu augmente, la demande pour un bien peut augmenter ou diminuer, selon la manière dont la consommation globale de rééquilibre.

Ainsi, on peut avoir la situation suivante (juste un exemple, pas une vérité générale !) : un individu peut avoir un revenu faible, avec lequel il habite dans une banlieue éloignée et mal desservie par les bus ce qui oblige à avoir une voiture. Quand il s'enrichit, il peut habiter plus près, et prendre les transports en commun : la demande pour la voiture se réduit. Puis s'il s'enrichit encore, il habite une banlieue chic et on utilise sa voiture pour les loisirs : la demande pour la voiture augmente encore.

Les biens dont la demande augmente tout le temps avec le revenu sont appelés biens normaux.

Les biens dont la demande diminue toujours avec le revenu sont appelés biens inférieurs.

[On donnait traditionnellement l'exemple de la margarine, jugée moins bonne que le beurre, comme bien inférieur : on s'en passait quand on s'enrichissait. Avec la multiplication de margarines sophistiquées présentées comme bonnes pour la santé, il est possible que pour certains, ce soit le beurre qui soit maintenant un bien inférieur.]

6. Le sentier d'expansion du revenu

La manière dont la demande varie en fonction du revenu est résumée par le "sentier d'expansion du revenu", qui relie les équilibres du consommateur correspondant à des revenus de plus en plus élevés.

[Rappel :

–bien normal : la demande augmente avec le revenu
–bien inférieur : la demande diminue avec le revenu]

7. L'effet d'une variation de prix

Supposons que c'est le prix du bien 1 qui change. On peut étudier son effet sur la demande. Ses variations vont modifier la demande pour le bien 1 lui-même, mais aussi la demande pour l'autre bien, du fait de substitutions qui auront lieu pour conserver l'équilibre budgétaire.

Si le prix d'un bien donné change, cela change la demande pour tous les biens.

8. L'impact du prix sur la demande

On peut utiliser la courbe prix-consommation pour en déduire la manière dont le consommateur va ajuster sa demande pour un bien particulier aux variations du prix de ce bien..

On s'intéresse alors à la demande d'un bien en supposant que les prix des autres biens et le revenu ne changent pas :

Ici, la demande pour le bien 1 décroît quand le prix du bien 1 augmente.

Cela paraît intuitif mais n'est pas toujours vérifié, du fait des substitutions qui ont lieu entre un bien et un autre.

Considérez ce deuxième exemple :

Deux effets entre en jeu...

9. Effet revenu et effet substitution

Pour comprendre comment la hausse du prix d'un bien peut conduire à consommer soit plus, soit moins de ce bien, il faut voir qu’une hausse de p1 (p2 et R restant inchangés) produit à la fois :

  • Un effet de prix relatifs : le bien 1 devient plus cher, par rapport au bien 2 ;
  • Un effet de revenu : le pouvoir d’achat du consommateur diminue, une augmentation de prix l'appauvrit en pratique ;
On peut décomposer le passage d'un équilibre initial x* à un nouvel équilibre x' (correspondant au nouveau prix p1') en deux étapes :
  • Un effet de substitution, de x* à x’’, prenant en compte uniquement la modification des prix relatifs, donc de la pente de la droite de budget, qui pivote,
  • Un effet de revenu, de x’’ à x’, prenant en compte uniquement la variation du pouvoir d’achat, donc le déplacement de la droite de budget vers l'origine.