9.3. La "loi" des rendements marginaux décroissants
Site: | ZERUN |
Cours: | Microéconomie 1 |
Livre: | 9.3. La "loi" des rendements marginaux décroissants |
Imprimé par: | Visiteur anonyme |
Date: | dimanche 24 novembre 2024, 19:29 |
1. De quoi parle-t-on?
Une productivité marginale décroissante du travail s’observe dans la plupart des processus de production.
La « loi » des rendements marginaux décroissants indique que quand on a un seul facteur de production qui varie et augmente d’un pas égal (les autres étant fixes), on atteint un point au-delà duquel le supplément de production obtenu finit par diminuer. Dans notre exemple, l’ajout d’un 2ème travailleur entraîne une augmentation de production de 20 unités tandis que l’ajout d’un 7ème travailleur entraîne une augmentation de production de seulement 4 unités.
A des niveaux faibles d’utilisation du facteur travail (pour une quantité de capital fixe), des travailleurs supplémentaires contribuent fortement à la production (on est plus nombreux, on s’organise mieux, on se spécialise dans une tâche donc on est plus efficace), puis la loi des rendements marginaux s’applique : il arrive un moment où on se gêne… Quand il y a trop de travailleurs, certains sont moins efficaces et le produit marginal du travail finit par diminuer.
La loi des rendements marginaux décroissants s’applique habituellement au court terme quand on a au moins un facteur de production fixe. Néanmoins, elle peut aussi s’appliquer au long terme.
2. Quelques précisions
Il ne faut pas confondre la loi des rendements marginaux décroissants avec des changements éventuels dans la qualité du travail à mesure que l’on utilise davantage de facteur travail (par exemple lorsque l’on embauche d’abord des travailleurs hautement qualifiés puis des travailleurs moins qualifiés).
Dans notre analyse de la production, on suppose que tous les travailleurs ont la même qualité ; les rendements marginaux décroissants résultent des contraintes d’utilisation concernant les autres facteurs de production fixes (ex : machines, usines), non pas d’une moindre qualité du travail.
De plus, il ne faut pas confondre des rendements marginaux décroissants avec des rendements négatifs. La loi des rendements marginaux décroissants décrit une productivité marginale décroissante mais pas nécessairement une productivité négative (qui indiquerait une baisse absolue de la production).
3. Des cas variés
On peut néanmoins considérer des fonctions de production caractérisées par des rendements marginaux exclusivement décroissants ou exclusivement constants ou exclusivement croissants (voir figure 2).
Mais il est probable qu’un procédé de production exhibe les 3 types de rendements marginaux lorsque l’on considère l’ensemble des niveaux de production (voir figure 3).
4. Les effets du progrès technologique
Quoi qu’il en soit, la loi des rendements marginaux décroissants s’applique pour une technologie de production donnée. Au cours du temps, cependant, de nouvelles connaissances, inventions et progrès technologiques peuvent permettre à la courbe de produit total de se déplacer vers le haut, de telle sorte que plus de production peut être obtenu avec les mêmes inputs (voir figure 4).
Le déplacement du point A au point B puis au point C établit une relation entre une hausse de l’input travail et une hausse de la production, masquant les rendements marginaux décroissants qui pourtant sont bel et bien présents. En effet, le déplacement de la courbe de produit total suggère qu’il n’y a peut-être pas d’implications négatives à long terme pour la croissance économique.
En réalité, ignorer le progrès technologique à long terme a conduit l’économiste anglais Thomas Malthus (1766-1834) à prédire des conséquences désastreuses face à la croissance continue de la population : en raison du nombre limité de terres et des productivités marginale et moyenne du travail décroissantes, la production alimentaire serait insuffisante pour nourrir une population croissante, ce qui conduirait à une famine générale. En réalité, la productivité du travail peut augmenter grâce au progrès technologique (passage du point A au point B puis au point C), même si tout processus de production donné peut exhiber des rendements décroissants du travail.