2.2. Les facteurs de progression de la demande : le rôle du commerce extérieur et de la consommation intérieure

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Cours: Histoire des faits économiques
Livre: 2.2. Les facteurs de progression de la demande : le rôle du commerce extérieur et de la consommation intérieure
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Date: vendredi 22 novembre 2024, 06:33

Introduction

Au milieu du XVIIIe siècle la demande adressée en Angleterre au secteur textile et à un degré moindre à la métallurgie et si forte qu’elle entraîne une pénurie de main d’œuvre. Plusieurs facteurs peuvent concourir à expliquer cette forte demande.  

Le commerce extérieur

La mondialisation de l’époque a-t-elle eu pour effet catalyseur de provoquer la révolution industrielle anglaise ? Le commerce international constitue un vecteur potentiel de pression de la demande (demande externe en l’occurrence) en même temps qu’il permet une accumulation préalable de capital. Depuis la fin du XVIIe siècle la Grande-Bretagne a imposé sa domination maritime et dispose au milieu du XVIIIe siècle d’importants débouchés coloniaux (en Amérique du Nord, Asie…). Il semble, par exemple, que fin XVIIe les exportations de laines représentent 30% de la production anglaise et que cette proportion atteigne 50% au milieu du XVIIIè siècle. Sans exclure totalement ce facteur, la localisation des principaux foyers de la « révolution industrielle » ne corrobore pas cette hypothèse : les villes portuaires ne sont pas les premières concernées.

La consommation intérieure

Un fait est solidement établi grâce aux travaux de Wrigley et Schofield (1981) : la population anglaise, après avoir pratiquement stagné depuis le milieu du 17ième siècle, progresse à un rythme soutenu à partir de 1740 (entre 1740 et 1760, elle croit à un taux annuel moyen voisin de 0,5%). La population de la Grande-Bretagne passe de 7,4 millions d’habitants en 1750 à 10,7 millions en 1800 et 20,6 millions en 1850. La poussée démographique pourrait être à l’origine de la hausse de la demande textile. Mais l’influence dynamisante de la croissance démographique est contestée : dans une perspective malthusienne, toutes choses égales par ailleurs, elle vient buter sur une insuffisance des subsistances et provoque une hausse des prix et une baisse des salaires réels qui la ramène à son niveau initial (à travers les conséquences de la malnutrition). 

Le développement des villes (surtout Londres) et du commerce s’accompagne d’une transformation du mode de vie et des habitudes de consommation. L’anthropologie historique a montré qu’au 18ième siècle un désir de consommation s’est développé notamment dans la classe moyenne/inférieure. Pour acquérir des objets (tissus à la mode (indiennes), rubans, bijoux…) il a fallu, à productivité constante du capital, travailler plus pour accroître son revenu et assouvir ce désir. Pour P. Verley (L’échelle du monde, (1997)) l’une des clefs de la mutation industrielle est probablement la « marchandisation » et la monétisation d’un travail féminin (lavage, entretien des vêtements…).