8. Coût privé et coût social

Finalement, une dernière distinction peut être faite entre coût privé et coût social qui permet de tenir compte de l’existence d’effets externes (externalités) liés aux activités de production. Typiquement la pollution est un exemple d’externalité négative qui représente un coût pour la société. Il s’agit d’un coût externe que la firme impose aux autres sans compensation. Or ce coût additionnel n’est généralement pas pris en compte dans la comptabilité de la firme qui ne tient compte que de ses coûts privés (les coûts comptables voire les coûts économiques). En réalité, le vrai coût social de l’activité de production est donné par la somme des coûts économiques privés et des coûts externes liés à la pollution.

Idéalement, il faudrait s’assurer que les coûts de l’externalité soient internalisés : dans l’exemple de l’exploitation agricole du tableau 4, si on met en place une taxe d’exploitation de 5000€/an pour compenser la société du dommage de pollution, alors la taxe apparaîtrait comme un coût comptable et donc entrerait directement dans la décision de production de l’exploitant…

La distinction entre coûts privés et externes est importante car un processus de production choisi par un producteur, qui peut sembler le moins coûteux sur la base des coûts comptables, voire économiques, peut ne pas être la meilleure option quand les externalités sont prises en compte. En l’absence de toute motivation pour considérer les externalités environnementales ou sociales, l’exploitant agricole peut conclure que sa décision de production optimale est de faire appel à des engrais chimiques pour cultiver son blé. Or la décision optimale pour la société peut en réalité être de remplacer des engrais chimiques par des techniques d’agriculture biologique. Ceci illustre le fait que les décisions de production privées peuvent ne pas toujours s’aligner avec les meilleurs choix en termes de bien-être social.

Les accidents du travail ou les maladies professionnelles sont aussi des coûts sociaux et des exemples d’internalisation connus (surprimes d’assurance, indemnisations des victimes) pris en compte par la comptabilité privée (ne serait-ce que sous forme de provisions pour risques).