1. Une question controversée
D’un point de vue analytique,
l’objectif de maximisation du profit parait acceptable pour prédire le
comportement d’une firme et rend relativement simple la décision du producteur,
facilitant par là même le recours à la modélisation. Il faut se rappeler que le profit considéré dans la décision du producteur est le profit économique calculé en incluant aux coûts comptables le coût d'opportunité des ressources utilisées dans l'activité de production. Dans ce cas, le
profit microéconomique représente un résidu qui suppose la « juste »
rétribution du travail et du capital (conforme au prix du capital sur un marché
financier parfaitement concurrentiel) et qui reste au sein de l’entreprise, permettant
a priori sa croissance.
Néanmoins, cette idée de maximisation de profit a fait l’objet de controverses dès lors que la firme est pensée comme une organisation complexe composée de groupes différents dont les objectifs ne sont pas nécessairement identiques, comme c'est le cas pour les firmes managériales organisées sous forme sociétaire, pour lesquelles il y a une séparation entre propriété (actionnaires détenant le capital de la compagnie) et gestion (managers dirigeant la conduite des affaires et des décisions). De cette séparation peut naître un conflit d'objectifs entre les deux types de partenaires. Les intérêts des propriétaires peuvent diverger de ceux des managers qui disposent d’une certaine latitude sur la manière de gérer la firme.
Ainsi les managers peuvent chercher à maximiser les recettes, la croissance du chiffre d’affaires, ou le versement des dividendes pour satisfaire les actionnaires. Même si les motivations et objectifs des managers peuvent différer de ceux poursuivis par les propriétaires, leur marge de manœuvre reste limitée, notamment en raison de règles de gouvernance (règles de rémunération des dirigeants, critères de gestion, transparence et communication financière) qui permettent que les différents intérêts se rejoignent.
Au total, l'hypothèse de maximisation du profit, supposé être l'objectif unique de la firme microéconomique, demeure une simplification "nécessaire" à faire pour poser les bases de l'analyse des marchés et des prix. Toutefois, elle manque de réalisme et doit être remise en cause quand on examine la firme comme une organisation complexe à part entière.