4. Les impôts sur les produits et quelques remarques
Un dernier problème doit nous conduire à amender quelque peu la définition du PIB que nous venons de voir (i.e. le PIB comme la somme des valeurs ajoutées) : l’Etat peut intervenir sur les prix au sein d’une économie et notamment en subventionnant ou en imposant certains produits. Dans ce cas, les prix payés par le consommateur et ceux perçus par les vendeurs diffèrent. Dans la plupart des pays, on peut par exemple penser à la TVA qui introduit une différence entre ce que paye le consommateur et ce que gagne le producteur. En France, on peut également penser à la taxe intérieure sur les produits pétroliers ou TIPP ou les taxes sur les alcools.
Pour mesurer une grandeur économique, il faut donc décider du prix qui va être utilisé ; celui payé par le consommateur final ou celui reçu par le producteur. Généralement, pour ce faire, on va retenir le prix qui renferme l’information qui semble la plus pertinente. Quand on s’intéresse aux entreprises, par exemple lorsque l’on mesure la valeur ajoutée ou la valeur de la production, on va généralement souhaiter retenir le prix perçu par ces entreprises. En effet, on a déjà évoqué la similitude entre la (valeur de la) production et le chiffre d’affaires. Utiliser le prix « perçu par les entreprises » permet donc d’obtenir un indicateur intéressant sur ces entreprises.
Toutefois, la comptabilité nationale va mesurer le PIB en utilisant les prix de marché et donc les valeurs de la production « payée » par les utilisateurs finaux, comme par exemple les consommateurs. Ce choix peut sembler arbitraire (et dans une certaine mesure, il l’est), mais il est aussi pratique en macroéconomie car il permet une équivalence entre certaines grandeurs définies par la théorie économique (nous y reviendrons) et celles définies par la comptabilité nationale.
Pour l’heure, on va simplement retenir que pour obtenir le PIB, à la somme des valeurs ajoutées, il faut ajouter les impôts sur les produits et retrancher les subventions sur ces produits. En effet, le consommateur quand il paie un produit, doit payer également les impôts et taxes sur ce produit ce qui « augmente » le prix du produit (pour le consommateur). Pour refléter cela dans le PIB, il faut donc ajouter ces impôts. A l’inverse, si la production est subventionnée, alors le prix que paie le consommateur est moins élevé que celui obtenu par le producteur. Une fois encore, pour que le prix reflète au mieux le prix du marché (du consommateur), il faut enlever ces subventions. Ces modifications doivent aussi être faites lors de ce calcul du PIB (remarque : cette discussion s'applique également aux impôts et taxes sur les importations). On obtient finalement :
\(PIB = \sum VAB + Impôts sur les produits - subventions sur les produits \)
Cette formule du PIB est la
première à retenir. Et, pour finir avec ce premier calcul, on peut faire deux
remarques :
- Le PIB est un flux et non un stock. Une analogie
peut éventuellement clarifier la distinction : imaginons un lavabo avec un
robinet d’eau ouvert. L’eau qui sort du robinet est un flux d’eau. L’eau qui
s’accumule au fond du lavabo est le stock d’eau. Ici, on s’intéresse à la
« valeur ajoutée brute », on mesure donc la valeur des nouvelles
productions générées durant une période donnée : c’est un flux.
- On parle de produit intérieur brut car il ne prend pas en compte la dépréciation et l’amortissement des actifs. Reprenons l’image précédente et imaginons qu’en plus de l’eau en provenance du robinet, à chaque instant, une petite partie de l’eau dans le lavabo s’évapore. Pour mesurer correctement la quantité d’eau réellement ajoutée à chaque instant dans le lavabo, il faudrait enlever cette évaporation. De même, pour mesurer la « richesse nouvelle» ajoutée dans un pays, il faudrait prendre en compte que le capital fixe peut s’user, c’est-à-dire, une partie des biens durables anciennement créés peut disparaître. On va parler de Produit Intérieur Net quand on soustrait la consommation de capital fixe au PIB et donc que l’on prend en compte ce problème. Toutefois, comme la prise en compte de cette « usure » peut être problématique, en pratique, le produit intérieur net est assez peu utilisé.