3. La loi psychologique fondamentale

La deuxième étape intermédiaire afin de discuter des politiques de soutien à la croissance, de redistribution et des inégalités est de constater que les individus les plus riches épargnent davantage que les individus les plus pauvres. Par ailleurs, cette constatation est surtout vraie sur les derniers euros gagnés par ces individus.


Cette constatation largement vérifiée empiriquement (les « riches » épargnent plus) est souvent associée à la loi psychologique fondamentale formulée par Keynes dans la Théorie Générale :
« la loi psychologique fondamentale sur laquelle nous pouvons nous appuyer en toute sécurité, à la fois à priori en raison de notre connaissance de la nature humaine et à posteriori en raison des renseignements détaillés de l'expérience, c'est qu'en moyenne et la plupart du temps les hommes ont tendance à accroître leur consommation à mesure que le revenu croit, mais non d'une quantité aussi grande que l'accroissement du revenu »
 . (Keynes, TG, 1936 – Propension à consommer, section III)


Cette observation à une conséquence majeure. Imaginons que nous ayons deux individus : un riche et un pauvre et que nous prélevions 100€ du riche et que nous le donnions au pauvre. Que va-t-il se passer ?

D’après ce que nous venons d’énoncer, il est très vraisemblable que la consommation globale (la somme des consommations de ces deux individus) augmente et que l’épargne globale (la somme des épargnes de ces deux individus) diminue. En effet, le « riche » devait épargner une grande partie de ces 100€ quand le pauvre va vraisemblablement dépenser une large partie de ces 100€.

Par exemple, sur ces derniers 100€ perçus, le "riche" épargnait peut-être 75€ et en dépensait 25€.
Sur ces nouveaux 100€ obtenus, le "pauvre" va peut-être épargner 10€ et dépenser 90€.
Dans ce cas, l'épargne totale diminue de 65€ (=75-10). La consommation augmente de 65€ (=90-25).