Le début de la croissance économique moderne
La « révolution industrielle » constitue une rupture majeure dans l’histoire de l’humanité, comparable à la « révolution néolithique » associée à la sédentarisation et la domestication des animaux. Elle apparaît comme le point de départ de ce que Simon Kuznets (Prix Nobel d’Economie en 1971) appelle la croissance économique moderne à savoir un processus cumulatif d’accroissement simultané de la population, de la production et du revenu par tête.
Ce phénomène se déroule en Angleterre entre 1760 et
1830 pour reprendre la datation traditionnelle de l’historien britannique
Ashton. Il se manifeste par l’apparition d’innovations dans les secteurs du
textile (machines à tisser), du
« machinisme » (perfectionnement de la machine à vapeur), de la sidérurgie et la métallurgie (diffusion
des hauts fourneaux au coke…) et un peu plus tard dans d’autres domaines comme
le transport ou la chimie.
Le caractère révolutionnaire de ces transformations est certes atténué par le fait que les innovations sont tributaires d’améliorations antérieures, c’est par exemple le cas de la machine à vapeur, dès la fin du XVIIe siècle Savery crée une machine à pomper l’eau des mines, en 1712 Newcomen améliore la machine… Mais une vraie rupture se déroule bel et bien à partir de la décennie 1760-1770 qui tient à l’ampleur et au nombre des innovations, à l’intensité de leur diffusion, aux inflexions observables dans la croissance des gains de productivité et de la production industrielle.
On constate l’apparition dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle de multiples inventions et innovations techniques dans un nombre relativement réduit de secteurs industriels principalement le textile (qui occupe alors 60 à 70% du total des actifs des industries manufacturières), le « machinisme », la métallurgie ainsi que les transports et la chimie.