La « Fabrique », un mode de production typique de la proto-industrialisation
Le modèle de la « Fabrique » est une sorte de proto-industrialisation, à mi-chemin entre la production entièrement artisanale de la période précédente et la production industrielle à grande échelle de la fin du XIX° et du XX° siècle.
Il existe déjà quelques grandes manufactures qui se sont développées depuis le milieu du XVII° siècle, et qui fabriquent des produits finis : de la porcelaine à Sèvres, de la tapisserie à Aubusson, ou des armes à Saint-Etienne. Contrairement à ce que l’on croit, seule une petite partie de la production est réalisée dans les locaux de la Manufacture. De nombreuses tâches sont réalisées par des ouvriers à domicile, en ville ou à la campagne.
Prenons l’exemple de la manufacture de draps fins de Sedan, appelée Dijonval. Elle est fondée au XVII° siècle avec le soutien du Roi, pour concurrencer les draps hollandais. La production est dirigée par les drapiers, qui sont à la fois fabricants et marchands. La filature et le tissage, des opérations basiques, sont réalisés dans les villages environnants, par une main-d’œuvre rurale qui complète ses revenus agricoles grâce à ce travail à domicile. Les apprêts et les finitions, qui nécessitent plus de savoir-faire, sont réalisés par des ouvriers urbains, dans des ateliers disséminés dans la ville. Les ouvriers urbains étaient alors affiliés à des corporations, qui contrôlent le marché du travail, notamment le niveau des rémunérations. Le travail est payé à la pièce, il n’y a pas encore de salariat.