La II° République (1848-1851)
C’est à l’occasion de la Révolution de Février 1848 que les prolétaires font leur entrée en politique.
La crise économique de 1846-1847 voit une augmentation brutale de la grande pauvreté chez les prolétaires. De mauvaises récoltes dans les campagnes ont provoqué une hausse du prix du pain, tandis que le salaire des ouvriers diminue de 30%. Le peuple gronde.
Le Roi Louis-Philippe, au pouvoir depuis 1830, avait mis en place un suffrage censitaire : seuls les plus fortunés, et certains titulaires de diplômes universitaires, ont le droit de vote. C’est l’idée que seule une élite éclairée, cultivée et fortunée serait capable de diriger la Nation. Ainsi les prolétaires, mais aussi toute une classe moyenne, composée d’artisans, de commerçants, d’hommes de loi n’ont pas de représentation politique et ne peuvent donc pas faire entendre leurs revendications.
Cette opposition hétéroclite entend détourner la loi en organisant des « banquets », qui sont le prétexte à des réunions politiques (campagne dite des « banquets républicains ». L’interdiction d’un de ces banquets par François Guizot, au début de l’année 1848, met le feu aux poudres. Le peuple parisien se révolte et dresse des barricades. Après quelques jours d’émeutes, Louis-Philippe finit par abdiquer en février 1848. La II° République commence.
La II° République desserre l’étau politique : elle institue le suffrage universel masculin, la liberté de réunion, la liberté de la presse, elle abolit l’esclavage.
Les questions liées au travail font leur apparition sur la scène politique.
- Louis Blanc est nommé à la tête de la Commission du Luxembourg, dont les travaux doivent déboucher sur la rédaction d’un Code du Travail. La Commission discute des sujets de la durée du travail, du droit d’association, ou du salaire minimum - des propositions très modernes pour l’époque.
- A partir du mois de mars, sous l’impulsion de Louis Blanc, le Gouvernement provisoire met aussi en place les « Ateliers Nationaux ». L’Etat propose du travail aux chômeurs, devenus nombreux depuis la crise de 1846, principalement dans les travaux publics, la réfection de routes, etc. Les Ateliers Nationaux seront victimes de leur succès : le nombre de candidats passe de 6 000 le 15 mars à 117 000 le 30 avril… L’Etat a bien du mal à suivre la demande.
La « parenthèse progressiste » de la II° République ne durera que de février à juin 1848. Les élections de juin, au suffrage universel, donnent la majorité aux conservateurs. Louis Blanc est exclu du gouvernement et doit s’exiler. La suppression officielle des Ateliers Nationaux, en juin, provoque des émeutes qui sont réprimées par la troupe : on compte pas moins de 4 000 morts. La II° République s’installe dans le sang du monde ouvrier, et ne durera que trois ans pour laisser la place, en 1851, au II° Empire.