Des mesures pragmatiques et novatrices
Roosevelt n’a en réalité ni doctrine, ni vrai programme économique, il entend seulement lutter de façon pragmatique contre les manifestations de la crise : casser la spirale déflationniste, réduire le chômage et la misère.
En cent jours, du 4 mars au 16 juin 1933, une quinzaine de lois sont adoptées. Les objectifs sont de casser le processus de baisse des prix et de redonner au plus vite du travail aux chômeurs :
L’Agricultural Adjustment Act de mai 1933 a pour objectif d’assurer le redressement des prix agricoles en subventionnant une réduction volontaire de la production (blé, maïs, coton…). Le dispositif est au départ ambigu, d’une part le redressement escompté des prix pourrait inciter d’autres agriculteurs à produire plus, ensuite il prévoit également des crédits pour une modernisation agricole susceptible elle aussi d’accroître les quantités produites. À partir de 1934, les mesures de restriction deviennent obligatoires et non plus volontaires par exemple pour le coton.
En juin 1933 le National Industrial Recovery Act (NIRA) entend impulser une concertation entre les industriels afin de définir des prix planchers, des quotas de production, des horaires réduits, des minima salariaux. Les firmes qui « jouent le jeu » se voient attribuer un label « aigle bleu » que les consommateurs américains sont invités à préférer. Le but de ce dispositif est là encore de casser la baisse des prix et d’enrayer la surproduction… Le NIRA attribue au président le pouvoir de donner une valeur officielle à tout Code adopté à la majorité et de l’imposer à tous les industriels de la branche. Une autre disposition reconnaît aux travailleurs le droit de négocier des contrats collectifs et garantie le respect de droits syndicaux. L’interventionnisme étatique marque une réelle avancée en rupture avec la tradition non interventionniste américaine.
La création de la Tennessee Valley Authority en mai 1933 cherche à réemployer les chômeurs à des tâaches liées au réaménagement de la vallée du Tennessee alors en retard de développement (construction de barrages, d’usines hydroélectrique ou encore d’usines d’engrais chimiques…). La TVA contribue à populariser l’idée que les grands travaux sont en mesure de « réamorcer la pompe » et de relancer l’activité économique nationale.
L’Emergency Relief Act prévoit une assistance aux chômeurs et victimes de la crise. En 1934, environ vingt millions de personnes bénéficient de ce dispositif qui, au départ, devait être un simple palliatif en attendant une relance de l’activité.
Afin de restaurer la confiance dans le système financier le Banking Act de 1933 (Glass-Steagall) crée un système d’assurance fédérale des dépôts bancaires (Federal Deposit Insurance Corporation (FDIC)) et sépare les activités bancaires des activités sur titres. La même année le dollar est dévalué de plus de 40 %.