La guerre des blocs monétaires durant les années 1930
Pour répondre à la baisse de l’activité économique qui menace sa stabilité sociale, la Grande-Bretagne décide le 21 septembre 1931 de détacher sa monnaie de l’or sans attendre l’épuisement complet de ses réserves de change. Sur le marché en trois mois la livre perd un tiers de sa valeur face à l’autre monnaie internationale, le dollar. La livre est à l’époque une monnaie d’ancrage pour plusieurs économies qui se trouvent confrontés à un choix crucial. Soit elles restent attachées à la livre sterling et l’accompagne dans sa dépréciation, soit elles subissent une revalorisation vis-à-vis d’elle. Les économies les plus imbriquées avec la Grande-Bretagne (Australie, Nouvelle-Zélande, Suède, Portugal…) restent liées afin de préserver leur compétitivité-prix. Entre septembre et décembre 1931 la France, la Belgique, les Pays-Bas et la Suisse exigent la conversion en or d’une partie de leurs avoirs en dollar pour ne pas subir de nouvelle perte en cas de dévaluation du dollar dont la position est fragilisée puisqu’il apparait, de fait, comme étant « moins bon que l’or ». Toujours en 1931 le Japon quitte l’étalon-or ajoutant à l’instabilité. Les pays qui ne dévaluent pas sont victimes d’une réduction de leur compétitivité prix. La question de conduire une dévaluation compétitive et de mettre en œuvre une stratégie d’exportation du chômage (Beggar-Thy-Neggar) est, pour eux, posée. La convertibilité du dollar est suspendue en avril 1933. Il est officiellement dévalué de 41% le 31 janvier 1934, sa définition passe de 20,67 dollars l’once à 35. Les pays du Bloc-or (zone monétaire sous influence française) Belgique, Pays-Bas, Suisse, Italie… sont les perdants de cette séquence, ils subissent une appréciation réelle de leur monnaie qui les contraint à conduire des politiques déflationnistes encore plus dures et, en définitive, insoutenables. La Belgique dévalue en 1935, la France attend 1936.