Le bloc des pays communistes
Face au bloc constitué par les pays capitalistes existe un autre système économique radicalement opposé en ce qui concerne la place du marché et la propriété du capital. Le socialisme planifié du bloc soviétique et de la Chine concerne près d’un tiers de la population mondiale en 1960. Ce système est basé sur :
- La propriété collective des moyens de production exercée par l’état au nom du peuple
- L’absence de marché et de prix de marché suppléé par une allocation planifiée des ressources par l’état
- Un égalitarisme basé sur la taille des familles et l’âge (a chacun selon ses besoins) et organisé via le rationnement
Le
bloc socialiste parvient à
des résultats économiques significatifs dans un certain nombre de
secteurs dans
lesquels la coordination centralisée ne pose pas trop de problèmes :
industries lourdes, secteurs des biens d’équipement (machines, camion,
trains, avions
…), ainsi que dans les services d’éducation et de santé. Le tableau
5.1.1 montre ainsi que la part du monde collectiviste communiste dans la
production industrielle mondiale augmente significativement entre 1938
et 1971. Sa part du commerce mondial augmente aussi pendant cette
période grâce au COMECON qui organise le commerce entre "pays frères"
communiste (voir ci-dessous).
Tableau 5.1.1. Répartition de la production industrielle et du commerce mondial entre les trois blocs
De façon similaire aux Etats-Unis dans le bloc capitaliste, l’URSS met en place progressivement son hégémonie économique et politique sur un nombre croissant de pays « frères » adoptant des systèmes communistes (Chine, Europe de l’est). La décolonisation en Afrique et en Asie accélère le mouvement et de nombreux pays nouvellement indépendants se placent sous l’influence de l’URSS dans le bloc communiste.
Face au Plan Marshall des EU, le COMECON (CAEM en français pour Conseil d'Assistance Economique Mutuelle) créé par l’URSS, la Bulgarie, Hongrie, Pologne, Roumanie et Tchécoslovaquie en 1949 est créé pour organiser l’entraide et les complémentarités de production entre les pays « frères ». Le système organise la compensation multilatérale des échanges entre les pays du COMECON, grâce à une unité de compte (le rouble transférable) de la valeur des importations et exportations.
Ce système a permis de créer une complémentarité économique entre des pays communiste aux spécialisations différentes (agriculture, sidérurgie, biens de consommation …) et qui avaient banni les marchés et les prix. Toutefois, il a été dominé par l’URSS qui s’en est servi pour s’assurer des approvisionnements souvent au dépend des pays frères, en utilisant notamment de l’obligation d’utiliser sa monnaie, le rouble, et les subventions et prêts en roubles comme arme de domination. Le fonctionnement du COMECON a instauré et approfondi la dépendance économique et monétaire des pays du bloc communiste à la puissance hégémonique soviétique.
Enfin, la coordination centralisée ne parvient pas à organiser la satisfaction des besoins de biens de consommation qui nécessitent de la flexibilité et de l’innovation, c’est à dire une coordination décentralisée par les prix, au plus près de besoins, et l’opportunisme des entrepreneurs pour répondre à ces besoins. Le modèle socialiste planifié enregistrera notamment des grandes périodes de famine ou de pénurie qui diminueront le niveau et la qualité de vie de la population.
Si l’on ajoute à ça l’absence de libertés politiques et le contrôle social et économique total d’une minorité sur la majorité, on comprend comment ce système économique a pu imploser brutalement à la fin des années 1990 en URSS, faute de réformes. En Chine, en revanche, les réformes d’intégration progressive de mécanismes de marché dès 1978 permettront au système socialiste autoritaire de se maintenir jusqu’à aujourd’hui, même si l’économie chinoise est désormais capitaliste.