Les explications « économiques » des 30 glorieuses : Investissement et gains de productivité
L’explication des 30 glorieuses n’est pas à rechercher du côté de l’augmentation quantitative du facteur travail mais plutôt de l’augmentation de la quantité de capital par travailleur et de l’augmentation conséquente de la productivité du travail.
La croissance démographique est rapide (recul de la mortalité, regain de natalité à partir de 1946 = baby-boom), mais la croissance de la population active reste modérée puisque la génération nombreuse n’arrive sur le marché du travail qu’à partir de la fin des années 1960. Avant les années 1970, les migrations complètent les besoins du marché du travail en France, Allemagne, ou Angleterre, parfois en lien avec les anciennes colonies.
Le tableau 5.3.2 montre que 1950-1975 montre que la croissance économique est particulièrement rapide en France, Allemagne, et au Japon, et qu’elle est soutenue par le dynamisme de l’investissement ainsi que par des gains de productivité plus importants qu’aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne. (Rappel : croissance de la productivité horaire du travail = croissance de l’intensité capitalistique (K/L) + croissance de la productivité globale des facteurs)
Tableau 5.3.2. Croissance du PIB, de l’emploi et de la productivité du travail (taux annuels moyens) : 1950-1975 (Source : Beaud, 2010 : 290)
La croissance régulière de la productivité du travail a plusieurs explications. Tout d’abord, les transferts de main d’œuvre de l’agriculture vers l’industrie et les services où la productivité est beaucoup plus forte s’accélèrent. Ensuite, des transferts de technologies s’opèrent des EU vers l’Europe (plan Marshall) et le Japon sur des secteurs déjà développés depuis la première moitié du siècle aux EU (pétrochimie, électronique, aérospatiale) et les entreprises industrielles et tertiaires mettent en place des organisations scientifiques / tayloriste du travail qui stimulent la productivité. Enfin, la mise en œuvre de ces transferts de technologie requiert de hauts niveaux d’investissement publics et privés (jusqu’à 25% en RFA et 30% au Japon entre 1950 et 1970). Comme le capital physique augmente plus vite que le travail, l’intensité capitalistique de la production augmente partout. Comme chaque travailleur dispose donc de plus de capital et la production par travailleur (productivité du travail) augmente comme dans le modèle de croissance de Solow (1957).