Libéralisation commerciale et régionalisation des échanges
Les années 1990 sont une période d’intensification de la construction institutionnelle de la mondialisation productive et commerciale. D’un côté, une régulation mondiale efficace à favoriser le libre-échange est enfin mise en place avec l’organisation mondiale du commerce ou World Trade Organization (OMC ou WTO) qui vient se substituer aux accords du GATT le1er janvier 1995. D’un autre côté, de nombreuses zones d’intégration régionale voient le jour pour soutenir le développement du libre-échange sur une base moins globale que l’OMC.
Les trois derniers cycles de négociation (Kennedy Round, de mai 1964 à juin 1967, Tokyo Round de septembre 1973 à avril 1979, cycle d'Uruguay de septembre 1986 à avril 1994) ont vu augmenter le nombre de pays signataires, et en même temps s'étendre le champ des négociations. Ce n'est qu'après le premier choc pétrolier que le problème des barrières non tarifaires sera soulevé. De 1964 à 1994, le cycle d'Uruguay a été le plus long et le plus discuté des cycles de négociations. Outre une nouvelle réduction des tarifs douaniers, ont été négociés des accords sur l'agriculture, les services, la propriété intellectuelle, le système de préférence généralisée pour les pays en développement. Les questions de maintien des privilèges des activités nationales stratégiques ou de la souveraineté nationale et de l’exception culturelle commencent à être posées dans le cadre des négociations. Au terme du bilan du commerce mondial régi par le GATT, il semble que la régulation des échanges internationaux soit entrée dans une impasse dans les années 1980. Après 40 ans de rounds de négociations multilatérales intégrant de plus en plus de pays et de secteurs, il devient indispensable d’arbitrer les divergences d’intérêt et les rapports de forces entre grandes puissances et grands blocs régionaux qui ont émergé. Ces divergences prennent la forme de conflits, notamment sur la question de l’agriculture, qui conduisent à la résurgence du protectionnisme sous des formes diversifiées, notamment entre les Etats-Unis, le Japon et l’UE. Un des enjeux est également de traiter enfin les pays en développement autrement que comme partenaires de second ordre en marge du commerce mondial.