Libéralisation commerciale et régionalisation des échanges
L'OMC pour un droit international du commerce
Avec
l’OMC, une organisation véritable dotée notamment du pouvoir de
règlement des différends commerciaux entre pays, quels qu’ils soient, se
substitue aux rapports de force des négociations multilatérales du
GATT. L’OMC est une organisation internationale qui vise à édifier un
droit international du commerce dont l’objectif primordial est de rendre
le libre-échange et la concurrence internationales le plus « équitable »
possible, notamment pour les pays les plus pauvres. Pour ce faire,
l’OMC est dotée d’un pouvoir normatif, de la personnalité juridique et
met en place un Organe de Règlement des Différends (ORD) qui reçoit et
favorise l’instruction des plaintes déposées à travers la mise en place
d’une commission d’arbitrage indépendante faute de règlement amiable
trouvé au bout de 60 jours. L’appel des décisions est également
possible. L’agenda de l’OMC est d’imposer à ses plus de 200 signataires
des règles favorisant la progression des échanges, d’étendre le commerce
international à de nouveaux domaines et de régler les différends
commerciaux entre nations. Pour autant, jusqu’à aujourd’hui, le
bilatéralisme commercial ne cède pas tout à fait en raison de la place à
part occupée par les Etats-Unis et la Chine, et de la multiplication
des accords commerciaux régionaux ou bilatéraux. Depuis le cycle de
Doha, qui commence dans les années 2000, les négociations multilatérales
sont bloquées notamment du fait de l’incapacité des pays développés à
accepter l’ouverture complète de leurs marchés aux produits agricoles
des pays en développement. Une autre limitation est que l’OMC n’a aucun
pouvoir sur les échanges internes aux grandes firmes multinationales,
c’est-à-dire les transactions entre maisons mères et filiales ou entre
filiales, qui concourent pourtant à 1/3 des échanges manufacturés. Il
est donc impossible à l’OMC d’imposer des règles aux comportements
opportunistes des firmes qui produisent dans des conditions de dumping
social ou fiscal pour augmenter leur compétitivité internationale.
La
seconde tendance ayant favorisé une accélération de la mondialisation
productive et commerciale pendant les années 1990 est la régionalisation
des échanges à travers des accords commerciaux régionaux favorisant le
libre-échange entre des pays voisins. Le graphique 6.1.1 montre que le
nombre de pays présents dans au moins un accord commercial régional est
passé de 70 à 170 entre la fin des années 1980 et le début des années
2000, et que les pays à revenu intermédiaire et à faible revenu ont
rattrapé les pays riches dans cette dynamique. Le nombre de partenaires
commerciaux régionaux a également augmenté de manière significative pour
chaque pays, reflétant en partie l'adhésion à plusieurs ACR, qui se
chevauchent souvent comme c’est le cas en Afrique et en Amérique latine.
Graphique
6.1.1. Nombre de pays membres d’au moins un accord commercial régional
(Source : Kangni Kpodar, Patrick Imam (2017) The effect of regional
trade agreements on growth volatility, VoxEU)