L’émergence industrielle (en trompe l’œil) des pays en développement
Une évolution à interpreter avec précaution
Toutefois, le poids croissant des pays en développement dans les échanges industriels doit être interprété avec précaution pour trois raisons.
Tout d’abord, de nombreux pays en développement (quasiment tous les pays à bas revenu) sont exclus du commerce industriel avec les pays du nord. En Afrique par exemple, les performances de pénétration des exportations de produits manufacturés dans les pays riches sont encore très faibles, la plupart des pays africains continuant à exporter des produits primaires vers les pays du nord dans les années 2000 et 2010. Cette tendance a été encore renforcée par les prix très élevés des produits primaires pendant toute la décennie 2000.
Ensuite, par leur production qui est généralement limitée à l’assemblage de composants préalablement importés de pays plus développés, de nombreux pays en développement contribuent peu à l’ensemble de la valeur ajoutée du produit. Ceci signifie que la majorité des gains associés au commerce de ces biens continue à être captée par les pays plus développés où sont localisées les tâches à plus forte valeur ajoutée et générant donc des salaires et profits supérieurs.
Enfin, les bonnes performances en volume d’exportation industrielles ont tendance à occulter des différences importantes de qualité et de prix unitaires entre les produits d’une même branche exportés par les pays en développement et par les pays développés. La diversification extrême des sources d’importations d’un même produit par les Etats-Unis à partir des années 1980 cache en fait une forte différentiation des produits en termes de qualité et de prix. Ce point devient plus évident si l’on compare la qualité et les prix des vêtements exportés par la France aux Etats-Unis avec ceux qui y sont exportés par l’Ethiopie ou la Chine.